Sos contre la Révolution

décembre 27, 2008

René Bazin

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 » La directrice de cette pension d’Angers, dont les élèves suivaient les cours du lycée, avait dit du jeune René Bazin : « Il est charmant cet enfant ; malheureusement il ne vivra pas ». Et l’arrière-petit-fils de Nicolas Bazin qui fut lieutenant de Stofflet à l’époque des guerres vendéennes, enlevé à l’étude du latin, était parti pour la campagne. Plus de discipline, plus de grammaire, plus de versions ! Au lieu du De Viris Illustribus, la vie libre des champs, les courses dans les bois, la découverte des arbres, des herbes et des oiseaux. « J’apprenais, écrit plus tard le romancier devenu célèbre, ce qui ne s’enseigne pas : à voir le monde indéfini des choses et à l’écouter vivre ».

Madame de Marquié s’était trompée. L’enfant n’était pas près de mourir. Il devait même vivre jusqu’à l’âge de soixante-dix-huit ans, après avoir enrichi la littérature française contemporaine de quelques-unes de ses plus belles œuvres, donné l’exemple du travail consciencieux et de la plus scrupuleuse honnêteté. Sa vie allait être une montée continuelle, une ascension vers le beau, vers le vrai, vers la lumière. Et, tout au cours de cette vie dominée par le sens du devoir, René Bazin devait illustrer cette pensée d’Élizabeth Leseur que « toute âme qui s’élève élève le monde avec elle ».

Ses forces étant revenues, le jeune Bazin s’était remis à l’étude du latin et du grec. Après quoi il s’était inscrit à la Faculté de droit de Paris, était devenu licencié, puis docteur. C’était l’époque où se fondaient à Paris, à Lyon, à Angers, à Toulouse et à Lille, ces universités libres qui furent, au cours des derniers soixante ans, les meilleurs instruments de la renaissance catholique en France. L’éloquent évêque d’Angers, Monseigneur Freppel, invita René Bazin, alors âgé de vingt-cinq ans à peine, à enseigner la procédure civile, puis le droit criminel à la Faculté de droit de la nouvelle université libre. Le jeune homme accepta sans hésiter, sachant bien toute la somme de sacrifices et de travail désintéressé qu’exigerait de lui l’ingrate carrière du professorat, surtout dans une université libre dont de très nombreux catholiques eux-mêmes ne comprenaient pas encore la nécessité.

C’est là que René Bazin fit la connaissance du Canada, dans la personne du vénérable M. Aubry, ancien professeur de droit romain à l’université Laval de Québec, célébré par Louis Fréchette aux pages de La Légende d’un Peuple. C’est là que, la première fois, il entendit parler de cette France lointaine des rives du Saint-Laurent où persistait à vivre une poignée de paysans qu’il ira un jour saluer chez eux et dont il soulignera les solides vertus. Amitié naissante qui ne se démentit pas un seul instant et qui se fortifiait bientôt par la rencontre, chez M. Aubry même, du jeune abbé Paul Bruchési.

Mais René Bazin ne devait pas tarder à déposer la toge pour inaugurer une féconde carrière d’écrivain. En 1883, un journal local, l’Union, publiait en feuilleton son premier roman, Stéphanette. Ludovic Halévy, qui l’avait lu, s’empressa d’en recommander l’auteur au directeur du Journal des Débats. Une lettre de ce dernier invita le jeune provincial à collaborer désormais au célèbre quotidien de Paris. Et ce fut Une tache d’encre que l’Académie couronna. Ce fut le succès en attendant la gloire. Chaque année, un nouveau livre parut : roman, recueil de contes et de nouvelles, récits de voyages en Italie, en Espagne ou en Orient. Les plus grands journaux, les revues les mieux cotées accueillaient, recherchaient l’écrivain dont la renommée dépassait les frontières de la France, dont les plus sévères critiques soulignaient la pureté et l’élégance du style, l’imagination vive et mesurée, la haute probité intellectuelle. Le cercle des lecteurs et des admirateurs s’élargissait de jour en jour. On applaudissait celui qui savait si bien et avec tant d’amour décrire la terre, les choses et les gens de la campagne, sans verser dans le naturalisme, en train de passer de mode, d’un Maupassant ou d’un Zola.

Et, le 28 avril 1904, l’ancien professeur de droit aux Facultés catholiques de l’Ouest, le petit-fils d’un conseiller secret de Louis XVI dont les hôtes de René Bazin, à Paris, pouvaient admirer le gros portefeuille de maroquin rouge aux lettres d’or, venait occuper, à l’Académie française, le XXXe fauteuil laissé vacant par la mort d’Ernest Legouvé. Tout le Bazin délicat, poli, spirituel, mais aussi tout le Bazin croyant, épris de beauté et d’idéal, se retrouve dans les remerciements que le nouvel élu adressait à ses collègues de l’Académie et dans l’éloge qu’il faisait, suivant la coutume, de son prédécesseur, « ce charmant Legouvé ». Et Ferdinand Brunetière, accueillant René Bazin dont la brillante carrière, disait-il, avait commencé en pleine bataille naturaliste, soulignant la « veine de tendresse et d’humanité » de l’œuvre du romancier, lui disait : « Qu’ils sont vrais vos paysans ! » Personne, dans le brillant auditoire, au premier rang duquel se trouvait la souriante et digne épouse de l’écrivain, mère de huit enfants, n’aurait su contredire le témoignage rendu par le secrétaire perpétuel de l’Académie à la simplicité, à la loyauté, à la probité du maître du roman social. « Vous êtes peintre et vous êtes poète, proclamait Brunetière. Vous resterez peintre et poète. »

Oui, tel avait été tel continuerait d’être Bazin ; peintre et poète de la terre avec laquelle il semblait avoir signé un pacte et qui demeure, au dire de tous ses biographes, le principal personnage de son œuvre. Comme il la connaissait, comme il l’aimait cette terre de France, « terre de foi, terre de chevalerie et, à cause de cela, terre de résurrection » ; celle de son pays d’Anjou qu’il a célébrée dans Les Noellet, celle du bocage vendéen dans La Terre qui meurt, celle de Bretagne dans Donatienne, celle d’Alsace dans Les Oberlé. Et toujours, entre une biographie et des propos d’art, il revenait à elle, avec l’amour de celui qui en a tout reçu, qui la comprend, qui cause avec elle, comme ce laboureur des frontières québécoises salué un jour par Bazin. C’est alors que parurent Le Blé qui lève, La Closerie de Champdollent, Les Nouveaux Oberlé, Le Conte du Triolet. Il arriva même au romancier de décrire les terres du pays de Québec : celles de Saint-Joachim, celles de Montmagny, celles de la région de Saint-Eustache, « jolies, plaisantes à l’œil, et fines de grain », où il reconnut, disait-il plus tard, sa « France la meilleure ».

Sur cette terre si bonne, si fidèle, René Bazin place, regarde vivre et mourir tout le peuple des petites gens qu’il aime, ces paysans tenaces, ces petits artisans, ces hommes des petits métiers dont il partage les joies et les peines, sans tomber jamais dans la démagogie. On lui a reproché d’être optimiste, de s’être fabriqué une humanité suivant sa conception chrétienne de la vie, d’avoir écrit à cause de cela des œuvres fades et faibles. Reproche injuste, accusation fausse. Car, d’abord, René Bazin n’ignorait pas que l’homme a ses faiblesses, ses bassesses, ses hontes. Il savait que la vie n’est pas toujours belle. Il l’a dit, ensuite, dans cette Isolée, le « sujet le plus scabreux du roman catholique », proclame François Mauriac, et dans Le Roi des Archers. À l’exemple d’Henriette Madiot, l’héroïne de Toute son âme, il n’avait pas peur du mal ; il est allé « parmi ». Mais il savait aussi que la vie a ses beautés et qu’il y a mieux à faire, pour un écrivain, que de se complaire dans la description des vices de la nature humaine. Il voulait mériter cette récompense dont parle son biographe, François Mauriac : « La certitude de n’avoir troublé aucun de ces petits qui croient au Christ, de n’avoir à rendre compte d’aucun scandale, mais au contraire d’avoir aidé au salut d’un grand nombre. » Car, disait-il, en 1929, à un journaliste parisien, « j’ai toujours eu beaucoup de goût pour les lettres et j’ai cru ainsi servir ». Magnifique, noble pensée qui éclaire toute sa vie, toute son œuvre, et qu’il devait compléter, quelques jours plus tard, à l’occasion de son jubilé académique : « L’idéal est de faire, avec difficulté, une œuvre qui approche de la beauté et qui serve ».

Ce jubilé académique, René Bazin le célébrait, à Paris, dans les derniers jours de juin 1929. Vingt-cinq ans à l’Académie ! Ce n’est pas aussi commun qu’on le pense en certains milieux. Car, en général, les écrivains n’entrent pas jeunes sous la Coupole, quoique les dames âgées des salons parisiens aient souvent, paraît-il, des préférences pour les moins de quarante ans… Au début du siècle, Albert Sorel, le lumineux historien de la Révolution, fêta ses vingt-cinq ans d’entrée à l’Académie. En 1923, les amis et admirateurs de Paul Bourget se réunissaient dans la maison de Balzac pour célébrer le jubilé du maître du roman psychologique. Six ans plus tard, c’était le tour du biographe de Paul Henry, du Père de Foucauld et du saint pape Pie X.

Henry Bordeaux, je crois, eut le premier l’idée de « faire quelque chose » pour Bazin. Un comité se forma sous la présidence d’honneur du cardinal Dubois et la présidence active de Paul Bourget, pour offrir à l’écrivain catholique deux médailles frappées à la Monnaie. La fête eut lieu dans la grande salle du musée Decaen. Bourget souligna, dans l’œuvre du jubilaire très ému, l’influence du terroir natal, l’action du catholicisme, « source d’énergie ». Tour à tour parlèrent, ce jour-là, rappelant leurs souvenirs, disant leur amitié ou leur admiration, le sénateur François Saint-Maur, au nom de l’Anjou, le ministre Oberkich, au nom de l’Alsace, patrie des Oberlé, Georges Goyau, pour la Corporation des Publicistes chrétiens dont Bazin fut le premier président, Étienne de Nalèche qui évoqua une collaboration de quarante-deux ans au Journal des Débats, René Doumic, dont la Revue des Deux Mondes a publié plus de quinze romans de Bazin, Henry Bordeaux enfin, qui donna en exemple la vie littéraire de son « maître et ami ». Et c’est alors, qu’après avoir exprimé ses remerciements, l’auteur de l’admirable Magnificat émit cette sublime pensée sur la mort, « retraite éternelle qui sera elle-même activité totale et magnifique ».

Cette « activité totale et magnifique », le doux et bon René Bazin la connaît maintenant. Il s’en est allé vers le Dieu qu’il avait toujours servi avec une générosité sans pareille, vers le Maître, vers l’Ami des pauvres, vers Celui qui a passé en faisant le bien et que, avait-il dit en pleine Académie, le 27 novembre 1913, « avec des millions de vivants et des milliards de morts, j’ai la joie de nommer : Notre-Seigneur Jésus-Christ ! »

C’est dans son modeste logement de la silencieuse rue Saint-Philippe-du-Roule que René Bazin est mort très doucement, presque joyeusement. Fidèle à la vieille amitié qu’il avait pour l’archevêque de Montréal, ce grand Français, ce chrétien magnifique, cet écrivain de race dont Mauriac a dit que « nul n’écrivait plus purement », voulut bien m’y accueillir à maintes reprises. Il n’était pas de ces hommes arrivés que la jeunesse intéresse dans la mesure où elle se tait ou qui la redoute comme une dangereuse rivale. Il aimait les jeunes et il le fit voir à ceux de notre pays qui eurent le privilège de l’approcher, de recevoir ses conseils et ses encouragements.

Le 31 mars 1925, dans la grande salle de l’hôtel Lutetia, à Paris, René Bazin était venu se joindre aux Canadiens et aux Français, groupés autour de M. Édouard Montpetit, et parmi lesquels il y avait le chanoine Verdier, futur cardinal-archevêque de Paris. « Canadiens, qui rebâtissez une Nouvelle-France, nous avait-il dit d’une voix ferme et martelée où perçait la plus vive émotion, je vous salue d’un cœur fraternel… Je me souviens délicieusement de votre pays, de la terrasse de Frontenac, où j’ai passé des heures ; de vos plaines d’Abraham, où j’étais près de pleurer ; de vos fermes qui sont riches et fidèles, où j’ai reconnu ma France la meilleure. » Puis s’adressant aux plus jeunes convives, aux étudiants d’alors, il avait ajouté : « Pénétrez-vous de l’intelligence française, du goût français, de l’art français ; prenez ici la fièvre du travail et l’ambition de l’œuvre bien faite ; étudiez la bonne famille parisienne et la bonne famille provinciale, et admirez comme elles se défendent ; étudiez la France de la foi, de la prière et de la charité. »

Un autre jour, il acceptait l’invitation de venir chez l’un d’entre nous, « heureux de retrouver la chère jeunesse canadienne ». Plus tard, dans sa belle maison des Rangeardières, à trois ou quatre milles d’Angers, il accueillait, en compagnie de madame Bazin, le groupe des étudiants de Montréal et de Québec qui voyageaient alors en France sous les auspices de la Ligue Maritime et Coloniale.

Les Rangeardières ! Que de belles heures j’ai passées là ! Comment ne pas me reporter par la pensée dans ce décor gracieux du pays angevin dont Du Bellay préférait la douceur à l’air marin…

Plus me plaît le Liré que le Tibre latin
Et, plus que l’air marin, la douceur angevine.

Venant de Nantes ou de Paris, on reconnaît aussitôt l’Anjou à la suavité du paysage, à l’harmonie des lignes, à ce je ne sais quoi qui fait dire d’un homme : « C’est un doux. » Le nom d’abord semble emprunté à une romance d’amour. Et puis, en bordure de la voie ferrée, recouverts de vignobles, les coteaux, qui portent encore des moulins aux larges ailes, n’ont rien de brusqué. Ils savent s’arrêter à temps pour ne pas cacher l’horizon ou la Loire paisible qui s’illumine parfois de tous les reflets du ciel bleu. Sur la route qui court au sud d’Angers, mais cachée derrière un rang de beaux tilleuls, la maison est là, solide sur sa base, vieille de deux siècles tout près, encadrée de fougères et de roses. Elle appartint d’abord au romantique Victor Pavie ; Sainte-Beuve l’a célébrée en vers ; Lamartine et Victor Hugo ont goûté le calme et la fraîcheur de son jardin.

Oui ! c’est là que je revois René Bazin, dans ce cadre intime, familial, à quelques centaines de mètres du petit village de Saint-Barthélémy dont le romancier était l’un des conseillers municipaux. Je l’y retrouve à sa table de travail, devant un beau portrait du duc d’Orléans ; et le petit-fils du commissaire du roi, le descendant de cet autre qui fut contrôleur des fermes de Louis XIV, de me dire : « Je suis royaliste depuis toujours ». Puis, désignant le portrait : « Regardez cette tête ! Quelle différence avec toutes les têtes qui nous gouvernent aujourd’hui ! » Et, la longue conversation achevée, au cours de laquelle je ne me lassais pas d’écouter, nous nous en allions par les champs voir le « blé qui lève », non sans avoir vidé un verre de vin d’Anjou, limpide et brillant, si doux qu’on croit, en le buvant, presser des grappes de raisin dans sa bouche.

Après avoir travaillé pour le bien et aussi pour le beau, René Bazin est monté vers la lumière céleste, ayant connu et décrit, jusque dans ses moindres secrets, la lumière du monde. Il est monté vers Dieu dont toute son œuvre servit à révéler la présence « dans le drame le plus humain ». Il est allé recevoir la récompense dont lui parlait une femme de chez nous, une paysanne de Saint-Joachim, un jour de mai 1912. »

Jean BRUCHÉSI, Rappels, 1941.

L’Amérique et les « Droits de l’homme » / Le triomphe des Pharisiens

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Les Pharisiens sont dans les Evangiles une secte juive dont les membres se considèrent comme « les bons et les justes ». Ils jouent un rôle important dans la condamnation à mort du Christ.

L’Amérique est-elle « pharisienne » ? Elle se prétend animée d’une mission exceptionnelle qui est d’apporter les droits de l’homme, la liberté et la démocratie à l’univers humain et faire ainsi son bonheur. Elle tire de cette idéologie d’autojustification une tendance à vouloir toujours criminaliser ses adversaires, tendance propre au totalitarisme : si vous êtes l’ennemi de Staline, vous êtes, pour les communistes, non pas un simple adversaire politique mais un criminel qu’il faut juger. Les Américains font de même. On l’a vu avec Saddam Hussein. On l’a vu avec le procès de Nuremberg des chefs nazis où cela n’a jamais gêné les juges américains de juger avec les juges de Staline : ils partageaient tous (Américains, nazis et communistes) en fait une vision commune de la politique fondée sur la diabolisation de l’opposant. Le procureur américain de Nuremberg Robert Jackson n’est en cela pas différent de Freisler, le juge nazi qui condamne à mort les aristocrates allemands s’opposant à Hitler, et Vichynski, le procureur communiste condamnant les victimes des purges staliniennes.

En réalité, les Etats-Unis partageaient avec les Soviétiques le besoin d’affirmer le caractère criminel du régime nazi pour s’exempter eux-mêmes de leurs propres crimes. L’histoire américaine est jalonnée de bien des crimes, comme celles d’autres nations, mais la propagande des Américains victorieux leur a permis d’organiser l’oubli de ces crimes. Ils sont ainsi apparus à tort comme le pays des droits de l’homme par excellence.

Tout le monde trouve normal que les Etats-Unis aient une capitale qui porte le nom d’un propriétaire d’esclaves, Washington. On tait les causes de la Guerre d’indépendance des USA contre l’Angleterre. Celle-ci, par son Parlement, avait décidé l’abolition de l’esclavage, ce qui fit peur aux propriétaires d’esclaves américains, lesquels ne virent leur salut que dans l’indépendance pour que la loi anglaise ne s’applique pas.

Le « pays de la liberté » était et est resté de longues années le pays esclavagiste par excellence : peu de gens, en raison de la propagande américaine, méditent sur cette contradiction. En réalité, l’Amérique a toujours considéré les hommes comme des matières premières pour l’économie : ils n’ont supprimé l’esclavage que lorsqu’ils ont compris qu’il y avait des façons plus efficaces d’utiliser la main-d’œuvre que l’esclavage. Les Etats-Unis sont le pays de la pensée « fonctionnelle » qui trouve son origine chez les philosophes utilitaristes anglais. Mais cette essence est voilée par le discours de propagande des droits de l’homme. Il faut savoir que sur le papier, les constitutions les plus favorables aux droits de l’homme furent celles de Robespierre en 1793 et de Staline en URSS. D’ailleurs l’URSS a signé avec enthousiasme la Déclaration universelle des droits de l’homme lors de la fondation de l’ONU. Cela relativise l’intérêt de ces déclarations pour la protection de la dignité humaine.

Le régime américain dès sa fondation a donc commis un crime, non marginal mais essentiel puisqu’il était à la base de son économie : l’esclavage des Noirs. Cet esclavage était une conséquence particulière d’une conception plus vaste qui réduit les hommes à des matières premières. C’est cette conception qui fut mise au service du racisme à l’égard des Noirs. Mais c’est cette même conception que nous retrouvons dans l’antiracisme dogmatique du système américain actuel : la race (biologique) comme l’ethnie (culturelle) sont des obstacles au besoin économique de rendre la main-d’œuvre parfaitement interchangeable, comme les blocs de charbon ou de marbre sont interchangeables lorsqu’ils sont stockés à des fins de production. Il faut donc les effacer dans un « melting pot ». Des biologistes américains ont pu montrer que si le mélange intégral des races se faisait aux USA les Noirs disparaîtraient totalement car ils ne sont que 12% et la loi de la régression à la moyenne ferait disparaître leurs traits physiques spécifiques dans la population majoritaire : une forme de solution finale du problème noir par le métissage en quelque sorte ! Les plus lucides des porte- parole de la communauté noire de ce point de vue, comme Farrakhan, l’ont bien vu.

Les Etats-Unis ne sont pas fondés uniquement sur l’esclavage mais aussi sur l’élimination des Indiens. Oh, certes, ce fut au nom des besoins économiques de la nation américaine. Les Indiens s’intégraient mal dans l’économie et occupaient des terres à exploiter pour l’élevage ou les puits de pétrole. La façon dont les Indiens furent traités et leur culture détruite pour les livrer à l’alcoolisme, l’assistance et la dictature du consumérisme est révélatrice des risques que fait courir le système fonctionnaliste américain (le « Gestell » de Heidegger) pour les autres peuples du monde. Il s’agit de détruire partout la fierté nationale et les coutumes particulières pour homogénéiser le marché. Si tout le monde ressemble à des Américains, tout le monde utilisera les biens de consommation américains, à commencer par les films d’Hollywood ou le Coca-Cola.

Le régime américain commence donc son entrée dans l’histoire avec deux atteintes majeures aux droits de l’homme : l’esclavage des Noirs et le massacre des Indiens. Comment oser dans ces conditions donner des « leçons de démocratie » au monde ? Mais ce n’est pas tout. Le caractère criminel de la politique américaine va se montrer dans une façon particulièrement odieuse de faire la guerre : l’inauguration a été la Guerre de sécession, dont on a pu dire qu’elle servit de modèle à la Guerre de 1914-1918. C’est en effet l’apparition d’une forme de « guerre industrielle » avec des massacres de masse : pour beaucoup d’historiens, la Guerre de sécession a été la première guerre totale moderne, avec 600.000 soldats tués mais 400.000 civils massacrés. La guerre « aristocratique » codifiée peu à peu en Europe partait du principe que l’on tuait les militaires, pas les civils. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les bombardements américains, tant sur l’Allemagne que sur le Japon, ont délibérément visé les populations civiles pour casser le moral de l’ennemi. Des millions de femmes et d’enfants en ont été victimes. Cette forme de guerre a été réutilisée à plus petite échelle en Irak.

Il y a bien « crimes de guerre » là où l’on s’attaque prioritairement aux femmes et aux enfants : qui a jugé les criminels de guerre américains ? Les Etats-Unis ont fait d’ailleurs valoir diplomatiquement que si des tribunaux internationaux étaient constitués, en aucun cas ils ne pourraient juger des Américains !

Les Etats-Unis ont joué aussi un rôle peu conforme à l’idéologie des droits de l’homme en confortant le crime et les mafias partout où cela pouvait profiter à leurs intérêts politiques. Chicago, symbole du gangstérisme, est bien une ville des Etats-Unis. Ce pays connaît un taux de criminalité très supérieur aux normes européennes. Ce n’est pas étonnant dans un pays où l’homme est avant tout considéré comme une matière première pour l’économie. Partout dans le monde, la criminalité est d’abord liée à la recherche du gain : une société qui place le gain financier sur un piédestal doit s’attendre à sécréter beaucoup d’activités criminelles et mafieuses.

Le système américain actuel est donc particulièrement dangereux pour la liberté et l’identité des peuples du monde, bien que ses dirigeants prétendent partout être les défenseurs de la liberté et de la démocratie. C’est un système déshumanisant qui donne raison, une fois n’est pas coutume, à Karl Marx : « La grande bourgeoisie a précipité les frissons de l’extase religieuse, l’esprit chevaleresque et la sentimentalité petite bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste ! »

D’où vient donc ce régime qui domine les Etats-Unis sous le nom abusif de « démocratie » ? En réalité, le régime politique américain est oligarchique dans son essence et n’est démocratique que dans la forme. C’est une oligarchie marchande qui règne en maître à présent. Le malheur historique de l’Amérique est de n’avoir jamais eu d’aristocratie ni de monarchie. La monarchie en Europe est d’ailleurs un produit de l’aristocratie : le roi comme l’aristocrate est d’abord, à l’origine, un chef de guerre ! Contrairement à ce que l’on peut croire superficiellement, le guerrier professionnel est généralement animé d’une haute déontologie car il met sa vie en jeu, ce qui ne va pas sans une haute moralité. Certes, on a des exemples de guerriers criminels mais la tradition dominante a toujours mis des barrières pour lutter contre cette dérive toujours possible : que ce soit chez le héros homérique, le samouraï japonais ou le soldat des troupes d’élites en Europe. Au Moyen Age, c’est toute une civilisation de la chevalerie qui est née du monde guerrier. Les pires crimes de guerre du XXe siècle sont venus des politiques, parfois élus démocratiquement comme Hitler, mais pas du corps traditionnel des officiers. Ce sont même des officiers qui ont voulu en Allemagne abattre celui qu’ils considéraient comme un tyran ! (complot de Claus von Stauffenberg).

Le monde marchand n’a pas la même relation vis-à-vis de la mort que le monde des officiers. Il n’a donc pas les mêmes exigences éthiques : ceci fut fort bien montré par le sociologue Werner Sombart dans son livre méconnu : « Händler und Helden » (Des marchands et des héros).

Contrairement aux pays d’Europe, l’Amérique n’a pas eu de noblesse pour la diriger. Les valeurs aristocratiques ne sont pas celles qui imprègnent la société américaine. Les valeurs dominantes sont celles de l’affirmation de soi et de l’utilitarisme. Dans la conception utilitariste ou fonctionnaliste du monde, il n’y a guère de place pour des considérations chevaleresques ou esthétiques. Le comportement de l’aviateur français pendant la Guerre de 1914-1918 qui va battre des ailes au-dessus d’un cimetière allemand où est enterré un des as de l’aviation allemande qu’il a abattu, pour exprimer son respect de l’adversaire vaincu, n’est pas un comportement utilitariste. Ce qui est le plus utile, c’est de criminaliser son adversaire : c’est ce que les Etats-Unis pratiquent à grande échelle depuis qu’ils jouent un rôle sur la scène mondiale.

Les Etats-Unis ne sont pas à la source de grandes pensées philosophiques car celles-ci ne rapportent rien dans l’immédiat. Leur apport dans ce domaine est inférieur à celui des Anglais, des Français ou des Allemands. Il faudrait donc que les pays d’Europe reprennent le flambeau de la pensée afin d’aider les Américains à se réformer face à un meilleur modèle que le leur. Sinon le triomphe de l’idéologie fonctionnaliste américaine ne peut apporter que le malheur et le chaos, comme on le perçoit en Irak mais aussi en Amérique même où les dysfonctionnements du système commencent à montrer leur perversité de masse (crise financière, délabrement de la Nouvelle-Orléans après le cyclone, haut degré de criminalité, etc.).

Mais on ne peut se réformer si l’on est persuadé d’incarner la bonté et la justice. C’est pourquoi il importe de démasquer le pharisaïsme de l’idéologie américaine. L’Amérique n’a jamais été un modèle dès ses débuts esclavagistes et de destruction des Indiens. L’Amérique n’est apparue un modèle que parce qu’elle a gagné trois guerres : deux guerres mondiales et la guerre froide contre les Soviétiques. Face aux nazis et aux Soviétiques, l’Amérique fut perçue comme un modèle victorieux et humaniste. Mais c’était une illusion produite par ses faire-valoir de l’Est. Sa réussite économique a longtemps masqué son inhumanité.

Mais l’heure de la vérité approche.

Il n’est pas possible de bâtir une civilisation qui élève l’homme sur des bases purement utilitaristes et fonctionnalistes. L’utilitarisme débouche sur l’autodestruction. Il est donc essentiel pour nous comme pour les Américains de faire la critique de cet utilitarisme et d’abattre la propagande pharisienne qui en masque la nature réelle. L’homme n’est pas qu’un consommateur et un producteur de masse. Il a une dimension sacrée qui ne peut être évacuée. Il faut réévaluer les fonctions militaires et religieuses pour équilibrer la domination des fonctions économiques. Car ces fonctions, en relation avec la nature mortelle de l’homme, portent en elles un idéalisme indispensable pour que la vie soit supportable et pour que l’homme redécouvre sa dignité !

Par Yvan BLOT

Source : Les-Identitaires.Com

décembre 22, 2008

Les Papes et l’astronomie

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Extraits des paroles prononcées aujourd’hui par Benoît XVI lors de l’Angélus :

« A peu de jours maintenant de la fête de Noël, nous sommes invités à fixer notre regard sur le mystère ineffable que Marie a gardé pendant neuf mois en son sein Virginal : le mystère de Dieu qui se fait homme. C’est cela le premier pivot de la rédemption. Le second est la mort et la résurrection de Jésus, et ces deux pivots inséparables manifestent un unique dessein divin : sauver l’humanité et son histoire en les assumant jusqu’au bout en prenant entièrement en charge tout le mal qui l’opprime.

O Ce mystère de salut, en plus du mystère historique, a une dimension cosmique : le Christ est le soleil de grâce qui, avec sa lumière, «transfigure et illumine l’univers en attente». La date-même de la fête de Noël est liée au solstice d’hiver, lorsque les journées, dans l’hémisphère boréal, commencent à rallonger. À ce propos, tout le monde ne sait peut-être pas que la Place Saint Pierre est aussi une méridienne : le grand obélisque, en effet, projette son ombre tout au long d’une ligne qui court sur le pavé vers la fontaine sous cette fenêtre, et ces derniers jours l’ombre est la plus longue de l’année. Cela nous rappelle la fonction de l’astronomie qui scandait les temps de la prière. L’Angelus, par exemple, se récite le matin, le midi et le soir, et avec la méridienne, qui anciennement servait justement pour connaître le «véritable midi», on réglait les horloges.

Le fait que justement aujourd’hui, 21 décembre, en cette même heure, tombe le solstice d’hiver, cela m’offre l’opportunité de saluer tous ceux qui participeront à divers titre aux initiatives pour l’année mondiale de l’astronomie, 2009, annoncée à l’occasion du 4° centenaire des premières observations par le télescope de Galilée Galilei. Parmi mes Prédécesseurs de vénérée mémoire, il y a eu des amateurs de cette science, comme Silvestre II, qui l’enseigna, Grégoire XIII, à qui nous devons notre calendrier, et Saint Pie X, qui savait construire des horloges solaires. Si les cieux, selon les belles paroles du psalmiste, «racontent la gloire de Dieu», même les lois de la nature, que au cours des siècles tant d’hommes et femmes de science nous ont fait toujours mieux comprendre, sont un grand stimulant pour contempler avec gratitude les oeuvres du Seigneur. »

MJ (Salon Beige)

décembre 21, 2008

Marche Lugdunum Suum

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Depuis 1852, chaque 8 décembre et les années précédentes chaque 13 décembre, les Lyonnais(es) illuminent leur ville pour honorer la protection de la Sainte Vierge Marie et le retour de la lumière.

Fête de piété populaire pour le peuple des Gones et des Fenottes,le 8 décembre est devenu depuis le début du XXIème siècle un divertissement commercial sans saveur, donnant lieu à une débauche de sons et de lumières jusqu’à en faire oublier ses racines religieuses. Noyée au milieu des festivités sans liens avec notre Identité Lyonnaise, cette tradition devient un barnum folklorique pour touristes.

Il était temps que le 8 décembre redevienne une fête du peuple Lyonnais qui honore sa Protectrice et c’est donc avec humilité que nous organisons cette année une grande procession silencieuse aux flambeaux.

http://lespetitslyonnais.hautetfort.com/

décembre 11, 2008

Chrétienté ou bourgeoisie chez Bernanos

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Le type idéal du combattant, selon Georges Bernanos, est le chevalier médiéval, qui met le mieux en avant les qualités d’honneur et de bravoure. Mais c’est aussi par opposition a ce type que se situe le combattant de l’époque bourgeoise. L’un était un soldat, dont la conduite était dictée par le serment, la foi a la parole donnée, l’autre n’est plus que militaire, qui a pour seule mission d’obéir. II prépare peu à peu, par cette voie, son remplacement par un simple employé qui n’aura plus à se battre consciemment.

Le chevalier s’engageait personnellement au service d’une cause qu’il avait choisie et qu’il acceptait de défendre. Le combattant de la société bourgeoise, le militaire, n’est plus lié par le serment. Il a mission pour se battre suivant I’ordre qui lui a été donné: « Faut pas chercher à comprendre ». Ainsi dirige, « II s’évade dans l’ obéissance ou plutôt le conformisme ».

Les bourgeois, dans leur médiocrité, vont fonder leur attitude sur un refus: refus de l’engagement, refus du risque. Ils ne veulent jouer qu’à coup sûr, avec la certitude d’un gain appréciable. Cependant, « la vie d’un homme libre est un échange perpétuel, une sorte de partie magnifique, un risque ». Mais ceci implique que chacun accepte de jouer ce jeu, consente à s’engager, possibilité que le bourgeois écarte systématiquement.

Ce médiocre, ce bourgeois, par ses refus, ses abandons, est progressivement conduit a une véritable mort de son âme. Incapable même d’être un homme, il disparaît et s’efface.

Lorsqu’il se rend compte qu’il n’a plus la foi, il s’écrie: « Me voila libre! », saluant ainsi Ie rejet de toute contrainte, de tout engagement. Un moment plus tard, « Libre de quoi? », lui demande ironiquement une voix « presqu’insaisissable au fond de la conscience ». « Le passé qu’il avait ruine ( … ) le laissait en présence d’un avenir non moins creux, non moins vide ».

Tous ces bourgeois médiocres «ne sont que des cadavres ». Cette mort de «l’âme» n’est apparemment concevable que si l’on rejette les préceptes de la religion catholique. Comment Bernanos peut-il affirmer que le bourgeois n’a pas su garder en lui Ie sens de la vie, alors que précisément, le bourgeois qu’ll décrit le plus longuement, et qu’il semble honnir au plus haut degré se prétendent tous catholiques pratiquants?

Simplement parce que le bourgeois a adopte une conception déformée de la religion catholique, a ruine l’idée de chrétienté liée étroitement a l’honneur.

à suivre

Source : Europae Gentes

novembre 23, 2008

Elite et générosité

Filed under: philosophie — soscontrerevolution @ 9:47

Europe« Une élite n’existe, elle ne peut se prétendre une élite que par la générosité. C’est pour elle l’onction du baptême. On peut être un spartiate quand on n’a pas reçu cette huile sur le front, mais on n’est qu’un spartiate. Sauver la cité, c’est nécessaire, c’est indispensable, c’est le commencement de tout: mais ce n’est que le commencement.Celui qui est fort et qui veut l’être et qui est fier de l’être, il sauve la cité pour tout le monde: et notamment pour les îlots, et pour les faibles et pour les boiteux et pour les infirmes, et pour ceux-la même qui crachent sur le fort lorsqu’il passe. II doit protection et justice: mais il doit savoir que protection est un mot qui n’a pas de sens, quand justice ne l’accompagne pas. II doit plus que protection et justice: il doit protection et amour, car protection est un mot qui n’a pas tout son sens, quand amour ne l’accompagne pas. Et il le doit a tout le monde, il n’y a pas d’exception. A ses ennemis, aussi, aux ennemis de la cité. Sans illusions. Car il doit savoir, de plus, le fort, et cela fait partie de son métier, que les hommes sont profondément méchants, profondément stupides, profondément ingrats.

Et qu’on leur doit justice et amour malgré tout cela, en sachant tout cela: et qu’on doit assurer leur bonheur, s’il se peut, malgré eux, connaissant leur sottise et leur ingratitude, sans les consulter et parfois même en les contraignant. Que parfois on meurt dans cette tâche, et, souvent, couvert de boue et de crachats. Qu’il en a toujours été ainsi. Et que cela ne doit pas étonner ni arrêter. Car celui qui se croit orgueilleusement qu’il est d’une nature meilleure et plus généreuse que les autres hommes, il faut qu’il sache que c’est cela son métier d’homme. Et qu’il ne portera point de brandebourgs et d’épaulettes, mais cette tunique du devoir de générosité et d’amour, du devoir sans illusions, du devoir sans remerciement. Et ceux qui disent: « nous sommes prêts a faire ces choses », nous pouvons essayer de construire nos nations avec eux.

Maurice Bardèche

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